de Flamme » 10 Oct 2005, 19:42
D'abord bravo Smithorepour ce 3ème prix plus que mérité : il y a quelque chose de très complet dans ce travail qui donne envie de te présenter comme un cinéaste.... diaporamiste par le plus heureux des hasards. Ce que j'aime dans les bagnes, c'est qu'il est difficile d'en parler. Non, "on" me met la pression (un message affectueux de Maurice m'incitant à participer aux discussions) et j'ai choisi de parler de celui-ci parce que j'aime le superbe travail effectué, tant sur la musique que sur les mots, et l'image.
Un angoissant leitmotiv musical (la répétition, y a qu'ça de bon pour nos oreilles trop vite distraites) harponne et accroît notre angoisse de visiteurs (les pas) et voyeurs à la découverte de ce lieu : celui-ci s'offre en gigantesque panorama-travelling et c'est jouissif (c'est comme au cinéma, ceci malgré le tragique du sujet). Plus tard, le rythme saccadé des images colle à la musique ( percussive cette fois-ci, avec l'irruption de la batterie, les portes claquent, sonore, violente) lors de cette description terrible du quotidien des bagnards : latrines, chaînes, humidité, mauvais traitements, tortures, l'imaginaire fait le reste : nous ne sommes pas figés et sidérés comme devant la shoah de Lanzmann, mais emportés, ici le sujet est au service del'auteur, le travail de la pensée continue, l'émotion n'est pas épinglée, même s'il y a de l' horreur. Ici le sens esthétique de son auteur est omniprésent, il nous convie à découvrir aussi ce qu'il ressent lui-même : le poème de Baudelaire est lui aussi une invitation à entrer dans le décryptage humanisé de ce lieu irrespirable qu'il rend humain (c'est bien celui qui le visite qui lui ôte son anonymat) et ça c'est très beau aussi. Encore quelque chose qui semble "pas pris", les mots sont une trace et évoquent la perte, et en même temps l'inscription. L'auteur révèle aussi des couleurs : celle de la nature sauvage et indomptée qui reprend le dessus et celle de ces fenêtres ouvertes sur le dehors. Ce diaporama est très réussi, il y aurait encore beaucoup à en dire, je ressens sa modernité même si je ne connais rien à la technique du diaporama numérique. L'ensemble est très documenté, très complet (merci pour le "dessous des cartes"), mais je suis surtout impressionnée par le savoir-faire artistique de son auteur qui mêle ingénieusement les sons de la langue et la musique, les images et le rythme, son désir et le nôtre et provoque, bien sûr, n'ayons pas peur des mots, mon émerveillement. Bravo pour ce 3ème prix, j'espère que d'autres vont se lâcher (je pourrais en dire des pages, et j'adore Yvonne Bastet aussi)
D'abord bravo Smithorepour ce 3ème prix plus que mérité : il y a quelque chose de très complet dans ce travail qui donne envie de te présenter comme un cinéaste.... diaporamiste par le plus heureux des hasards. Ce que j'aime dans les bagnes, c'est qu'il est difficile d'en parler. Non, "on" me met la pression (un message affectueux de Maurice m'incitant à participer aux discussions) et j'ai choisi de parler de celui-ci parce que j'aime le superbe travail effectué, tant sur la musique que sur les mots, et l'image.
Un angoissant leitmotiv musical (la répétition, y a qu'ça de bon pour nos oreilles trop vite distraites) harponne et accroît notre angoisse de visiteurs (les pas) et voyeurs à la découverte de ce lieu : celui-ci s'offre en gigantesque panorama-travelling et c'est jouissif (c'est comme au cinéma, ceci malgré le tragique du sujet). Plus tard, le rythme saccadé des images colle à la musique ( percussive cette fois-ci, avec l'irruption de la batterie, les portes claquent, sonore, violente) lors de cette description terrible du quotidien des bagnards : latrines, chaînes, humidité, mauvais traitements, tortures, l'imaginaire fait le reste : nous ne sommes pas figés et sidérés comme devant la shoah de Lanzmann, mais emportés, ici le sujet est au service del'auteur, le travail de la pensée continue, l'émotion n'est pas épinglée, même s'il y a de l' horreur. Ici le sens esthétique de son auteur est omniprésent, il nous convie à découvrir aussi ce qu'il ressent lui-même : le poème de Baudelaire est lui aussi une invitation à entrer dans le décryptage humanisé de ce lieu irrespirable qu'il rend humain (c'est bien celui qui le visite qui lui ôte son anonymat) et ça c'est très beau aussi. Encore quelque chose qui semble "pas pris", les mots sont une trace et évoquent la perte, et en même temps l'inscription. L'auteur révèle aussi des couleurs : celle de la nature sauvage et indomptée qui reprend le dessus et celle de ces fenêtres ouvertes sur le dehors. Ce diaporama est très réussi, il y aurait encore beaucoup à en dire, je ressens sa modernité même si je ne connais rien à la technique du diaporama numérique. L'ensemble est très documenté, très complet (merci pour le "dessous des cartes"), mais je suis surtout impressionnée par le savoir-faire artistique de son auteur qui mêle ingénieusement les sons de la langue et la musique, les images et le rythme, son désir et le nôtre et provoque, bien sûr, n'ayons pas peur des mots, mon émerveillement. Bravo pour ce 3ème prix, j'espère que d'autres vont se lâcher (je pourrais en dire des pages, et j'adore Yvonne Bastet aussi)