de Christian Hendrickx » 20 Fév 2008, 13:46
Mon deuxième diaporama en N/B… Avril 2001, le lendemain du mariage de ma fille, mon père décède. Depuis plusieurs années, il souffre de la maladie d’Alzheimer. Pendant de longues années j’assiste impuissant à la dégradation de son cerveau et de son corps. Semaine après semaine, je vais le voir, mais lui ne me reconnaît plus et m’appelle « Monsieur », lui qui avait l’art de me donner plein de surnoms, sans doute pour marquer son affection, j’étais son seul fils….
Cette « absence » me fait souffrir et m’incite à mettre sur papier ce que je ressent. L’idée d’un diaporama n’est bien sur pas d’actualité. Le jour des funérailles, je lis à l’assemblé devant sa dépouille une lettre que j’aurais voulu lui dire de son vivant, le genre d’écrits qui vous sortent du cœur quand celui-ci est malade et saigne… Quelque temps après, me vient l’idée de faire un diaporama sur cette maladie que j’ai longtemps côtoyée, et je me souvient du texte que j’ai lu à l’église. Je me souviens aussi des écrits que j’ai fait pendant sa longue maladie et je me mets au travail. Mon père dans ma jeunesse jouait du violon et parfois certains soirs, il prenait son instrument pour me jouer quelques beaux morceaux suivi d’anecdotes, vraies ou fausses, cela n’avait pas d’importance ni à mes yeux, ni à mes oreilles, j’étais subjugué par la beauté de la musique.
Une amie douée dans l’écriture m’aidera à trier les phrases et en faire une syntaxe correcte et très vite le texte définitif se dessine.
Tout de suite mon choix est fait pour l’interprétation du texte ; ce sera Hakim Louk’Man, vous vous rappeler, la voix du prisonnier dans « La bête immonde ». Je lui envoie le texte et d’emblée séduit par le sujet, il donne son accord pour l’enregistrement de celui-ci, que nous ferons le 26 mars 2002.
La voix correspond très bien à ce que je voulais donner comme ambiance, restait à faire la bande-son.
Ecoutant des dizaines de fois l’enregistrement du texte, je fais des essais avec non moins de plages musicales, mais rien ne me séduit et pendant un certains temps le texte et la voix restent dans l’ordinateur. Entre-temps je décide de commencer les prises de vues. Dans un village voisin, par un concours de circonstances, je rencontre un monsieur d’un certain âge jouant du violon à l’académie de musique, je lui demande (en mentant un peu) s’il veut poser avec son violon pour moi, que je prépare une expo sur les musiciens. Reste à trouver l’endroit. Il me propose la classe d’étude de l’académie, mais je la trouve beaucoup trop moderne pour le sujet. Finalement c’est dans ma cuisine que nous atterrissons je lui demande de jouer et là je tire un film N/B Scala 200. Vous l’avez compris le montage sera en n/b. Au développement, je trouve quand même quelques dias qui me conviennent. Heureux du résultat, je réfléchis comment illustrer ce texte sans choquer, sans montrer la maladie, avec toute la pudeur nécessaire, c’est quand même mon père… Un ami photographe me parle d’un lieu plus ou moins abandonné dans la périphérie de Bruxelles, c’est un vieux cimetière envahi par les lierres et autres plantes sauvage. C’est vrai que c’est un endroit spécial. Ce qui m'a frappé c’est le jeu de lumière sur les tombes renversées et en mauvais état, aussi ce calme et cette sérénité, l’ambiance est plutôt celle d’un jardin abandonné. J’y retournerais souvent, parfois pour plusieurs heures, je vais chaque fois de découverte en découverte. Les images avancent, par contre je coince sur la bande-son…
Un jour de chance (et oui il y en a parfois) en me promenant à la Fnac, je trouve sur un rayon, une pile de cds qui viennent apparemment de rentrer et je découvre, que c’est la B.O du film « the Red violin » je l’écoute et tout de suite dans mon esprit je l’associe à la voix de Hakim et du texte. J’ai enfin trouvé ma musique…Comme d’habitude c’est sur CoolEditPro que je commence à travailler cette nouvelle bande, mais encore une fois je coince, il me manque une musique plus vivante, et me voilà parti à la recherche de cette musique qui devrait se raccorder avec la voix et surtout avec les extraits de la B.O du film. C’est finalement J.S.Bach qui me sauvera avec « la partita n°2 en D mineur » extrait Allemande. La bande-son terminée, je peux me consacrer entièrement aux images. Pour illustrer les troubles du cerveau, je vais photographier à F2.8 une des nombreuses partitions que je détiens, de façon à obtenir une très faible profondeur de champs, l’essai est concluant…Mais il me manque encore des symboles, surtout pour la partie du texte. Un dimanche de ballade dans ma campagne, je découvre un petit étang de pêche. Nous sommes en automne et ce qui me surprend s’est le reflets des branches d’arbres dans l’eau, j’ai trouvé « mon cerveau », mais il y a encore trop de feuilles sur les branches. Finalement c’est en hiver que je ferai les prises de vue, de ce qui représentera le cerveau malade. J’ai de la chance pour accentuer les troubles de la mémoire, rien de mieux que du brouillard, que je finis par trouver en face de cet étang, un autre matin d’hiver.
Le montage avance, mais il me manque encore des images, des symboles… Je continue à visiter les cimetières…Un ami, qui connaît mon projet, me parle d’un cimetière au nord de Bruxelles, celui de Laeken, ou parait-il de nombreuse stèles funéraires sont surmontées de belles statues, je m’y suis rendu plusieurs fois, pour découvrir chaque fois d’autres statues, en jouant au chat et à la souris pour photographier, car en Belgique il faut une autorisation administrative pour faire des prises de vues dans un cimetière, mais le jeu en valait la chandelle….
Les gouttes de pluie, pris sur la porte en verre de la véranda, serviront à accentuer, le sentiment de chagrin face à cette dégradation de l’âme et de l’esprit.
Après avoir réuni toutes les images, et fait le tri nécessaire, je garderai 63 photos. Le montage sera travaillé pour quatre projecteurs, et terminé pour le gala du club en 2004. C’est en 2006, que je le numériserai. Ainsi ce termine ce montage dédié à mon père Jean-Baptiste.
Fiche technique : Texte : de l’auteur
Voix : Hakim Louk’Man
Musiques : John Corigliano et JS. Bach
Synchronisation ; Bässgen quatrix II – 4 projecteurs
Année de réalisation : 2004
Mon deuxième diaporama en N/B… Avril 2001, le lendemain du mariage de ma fille, mon père décède. Depuis plusieurs années, il souffre de la maladie d’Alzheimer. Pendant de longues années j’assiste impuissant à la dégradation de son cerveau et de son corps. Semaine après semaine, je vais le voir, mais lui ne me reconnaît plus et m’appelle « Monsieur », lui qui avait l’art de me donner plein de surnoms, sans doute pour marquer son affection, j’étais son seul fils….
Cette « absence » me fait souffrir et m’incite à mettre sur papier ce que je ressent. L’idée d’un diaporama n’est bien sur pas d’actualité. Le jour des funérailles, je lis à l’assemblé devant sa dépouille une lettre que j’aurais voulu lui dire de son vivant, le genre d’écrits qui vous sortent du cœur quand celui-ci est malade et saigne… Quelque temps après, me vient l’idée de faire un diaporama sur cette maladie que j’ai longtemps côtoyée, et je me souvient du texte que j’ai lu à l’église. Je me souviens aussi des écrits que j’ai fait pendant sa longue maladie et je me mets au travail. Mon père dans ma jeunesse jouait du violon et parfois certains soirs, il prenait son instrument pour me jouer quelques beaux morceaux suivi d’anecdotes, vraies ou fausses, cela n’avait pas d’importance ni à mes yeux, ni à mes oreilles, j’étais subjugué par la beauté de la musique.
Une amie douée dans l’écriture m’aidera à trier les phrases et en faire une syntaxe correcte et très vite le texte définitif se dessine.
Tout de suite mon choix est fait pour l’interprétation du texte ; ce sera Hakim Louk’Man, vous vous rappeler, la voix du prisonnier dans « La bête immonde ». Je lui envoie le texte et d’emblée séduit par le sujet, il donne son accord pour l’enregistrement de celui-ci, que nous ferons le 26 mars 2002.
La voix correspond très bien à ce que je voulais donner comme ambiance, restait à faire la bande-son.
Ecoutant des dizaines de fois l’enregistrement du texte, je fais des essais avec non moins de plages musicales, mais rien ne me séduit et pendant un certains temps le texte et la voix restent dans l’ordinateur. Entre-temps je décide de commencer les prises de vues. Dans un village voisin, par un concours de circonstances, je rencontre un monsieur d’un certain âge jouant du violon à l’académie de musique, je lui demande (en mentant un peu) s’il veut poser avec son violon pour moi, que je prépare une expo sur les musiciens. Reste à trouver l’endroit. Il me propose la classe d’étude de l’académie, mais je la trouve beaucoup trop moderne pour le sujet. Finalement c’est dans ma cuisine que nous atterrissons je lui demande de jouer et là je tire un film N/B Scala 200. Vous l’avez compris le montage sera en n/b. Au développement, je trouve quand même quelques dias qui me conviennent. Heureux du résultat, je réfléchis comment illustrer ce texte sans choquer, sans montrer la maladie, avec toute la pudeur nécessaire, c’est quand même mon père… Un ami photographe me parle d’un lieu plus ou moins abandonné dans la périphérie de Bruxelles, c’est un vieux cimetière envahi par les lierres et autres plantes sauvage. C’est vrai que c’est un endroit spécial. Ce qui m'a frappé c’est le jeu de lumière sur les tombes renversées et en mauvais état, aussi ce calme et cette sérénité, l’ambiance est plutôt celle d’un jardin abandonné. J’y retournerais souvent, parfois pour plusieurs heures, je vais chaque fois de découverte en découverte. Les images avancent, par contre je coince sur la bande-son…
Un jour de chance (et oui il y en a parfois) en me promenant à la Fnac, je trouve sur un rayon, une pile de cds qui viennent apparemment de rentrer et je découvre, que c’est la B.O du film « the Red violin » je l’écoute et tout de suite dans mon esprit je l’associe à la voix de Hakim et du texte. J’ai enfin trouvé ma musique…Comme d’habitude c’est sur CoolEditPro que je commence à travailler cette nouvelle bande, mais encore une fois je coince, il me manque une musique plus vivante, et me voilà parti à la recherche de cette musique qui devrait se raccorder avec la voix et surtout avec les extraits de la B.O du film. C’est finalement J.S.Bach qui me sauvera avec « la partita n°2 en D mineur » extrait Allemande. La bande-son terminée, je peux me consacrer entièrement aux images. Pour illustrer les troubles du cerveau, je vais photographier à F2.8 une des nombreuses partitions que je détiens, de façon à obtenir une très faible profondeur de champs, l’essai est concluant…Mais il me manque encore des symboles, surtout pour la partie du texte. Un dimanche de ballade dans ma campagne, je découvre un petit étang de pêche. Nous sommes en automne et ce qui me surprend s’est le reflets des branches d’arbres dans l’eau, j’ai trouvé « mon cerveau », mais il y a encore trop de feuilles sur les branches. Finalement c’est en hiver que je ferai les prises de vue, de ce qui représentera le cerveau malade. J’ai de la chance pour accentuer les troubles de la mémoire, rien de mieux que du brouillard, que je finis par trouver en face de cet étang, un autre matin d’hiver.
Le montage avance, mais il me manque encore des images, des symboles… Je continue à visiter les cimetières…Un ami, qui connaît mon projet, me parle d’un cimetière au nord de Bruxelles, celui de Laeken, ou parait-il de nombreuse stèles funéraires sont surmontées de belles statues, je m’y suis rendu plusieurs fois, pour découvrir chaque fois d’autres statues, en jouant au chat et à la souris pour photographier, car en Belgique il faut une autorisation administrative pour faire des prises de vues dans un cimetière, mais le jeu en valait la chandelle….
Les gouttes de pluie, pris sur la porte en verre de la véranda, serviront à accentuer, le sentiment de chagrin face à cette dégradation de l’âme et de l’esprit.
Après avoir réuni toutes les images, et fait le tri nécessaire, je garderai 63 photos. Le montage sera travaillé pour quatre projecteurs, et terminé pour le gala du club en 2004. C’est en 2006, que je le numériserai. Ainsi ce termine ce montage dédié à mon père Jean-Baptiste.
Fiche technique : Texte : de l’auteur
Voix : Hakim Louk’Man
Musiques : John Corigliano et JS. Bach
Synchronisation ; Bässgen quatrix II – 4 projecteurs
Année de réalisation : 2004