"Petites scènes de ménage ordinaires" de Jean-Paul Petit
L'analyse de Michèle Paret :
Vous voulez un montage d’humour… noir ? Alors ne vous gênez pas, avec celui-ci, votre curiosité sera satisfaite, c’est un modèle du genre, court, simple, percutant. Tous les ingrédients nécessaires sont réunis pour nous faire passer un agréable moment.
L’auteur s’est inspiré d’un texte qu’il a librement interprété avec beaucoup de talent.
Le cadre choisi pour la mise en scène est remarquable, il colle admirablement à l’atmosphère donnée par le récit lui-même et le milieu social dans lequel se déroulent ces petites scènes quotidiennes. On a beau s’appeler madame de la Frette, on est une femme ordinaire, en perpétuel conflit avec son époux Hubert. La langue du personnage masculin est tout à fait digne des milieux bourgeois voire aristocrates, cela ajoute au comique de cette histoire banale. On se dispute avec des mots surannés, ce qui n’est pas « banal ».
Le ton du narrateur est neutre, la voix convient bien et relate tout simplement les faits. Hubert a lui aussi le ton qui s’impose, ses portraits sont très beaux. Il n’est pas le seul à jouer un « grand » rôle, le chat et l’oiseau dans sa cage également. Le chat observe l’oiseau comme Monsieur observe Madame. N’oublions pas non plus les femmes peintes sur les murs…. Leur regard tourné vers le plafond, leur air ingénu et un peu niais correspondant à des moments où le texte est pathétique, créent un effet comique. Quant au choix de la musique de Morricone, apparemment modifiée et malmenée par l’auteur, il est excellent. Elle ponctue les effets de zoom et de mouvement. Elle nous surprend au moment où le chat saute sur la table pour aller tuer l’oiseau après une magnifique vue en contre plongée symbolisant le saut qui se prépare. Il y a de l’action dans cette pièce où tout semble figé et immuable, comme les petites scènes de ménage quotidiennes.
La bande son est parfaitement composée : bruitages, pas, porte qui grince sur ses gonds, sept coups au clocher au début, c’est bientôt l’heure du dîner, et de nouveau des cloches à la fin.
La chute peut sembler « téléguidée », ce n’est pas sûr, en tout cas, l’effet est drôle... même si la réalité l’est moins.