de Michèle BEUCHER » 24 Nov 2006, 22:58
Voici ma réponse à l'analyse de Michèle PARET:
Tout d'abord merci Mme PARET d'avoir fait l'analyse de ce montage, exercice qui ne doit pas être facile. Je vais répondre point par point à vos remarques.
- Emouvoir était ma priorité, tellement ce monde des SDF m'a remuée quand j'ai décidé, un jour, de faire l'immense pas d'aller parler à un SDF; celà a été très difficile au début car je n'arrivais pas à en parler autour de moi, à évacuer cette misère. Puis, les petites scènes de la vie quotidienne avec eux m'ont fait oublier petit à petit leur différence et j'ai rejoint en celà , temporairement, les nombreuses personnes qui gravitent autour des SDF pour leur venir en aide.
J'ai préféré choisir les photos les plus émouvantes plutôt que la quantité; il est difficile de capter des expressions de visage qui reflètent des émotions, il faut énormément de patience et de réactivité sur le terrain. Celà m'a pris un an et demi. Il y a des photos qui sont "volées", j'ai pris quelques risques, j'ai eu peur quelquefois cependant celà satisfaisait ma nature aventureuse.
Les causes de l'exclusion sont évoquées brièvement au début par chaque SDF.
Pour Jean-Michel, la première personne qui parle, c'est l'immaturité.
Pour Tiny, c'est la mésentente entre ses parents et surtout son père qui ne s'est pas occupée d'elle.
Pour Bernard, c'est une famille beaucoup trop nombreuse, dans laquelle on n'a pas le temps de faire attention aux plus fragiles.
Bien évidemment, celà n'explique pas tout, puisque bien des personnes avec des handicaps beaucoup plus graves ne deviennent pas SDF.
J'ai préféré parler de leur quotidien parce que c'est ce qui m'a le plus bouleversée.
D'autre part, il est difficile sur un montage de quelques minutes d'inclure beaucoup de paroles. Un film l'aurait permis mais ce n'est pas mon outil de travail, pour l'instant.
J'ai essayé d'élargir le sujet, en allant interviewer des personnes qui donnaient de l'argent aux SDF. Il aurait certainement été intéressant de les faire se répondre. J'ai préféré me concentrer sur la parole des SDF pour ne pas la diluer.
J'ai aussi essayé d'interviewer des bénévoles d'une association très connue et efficace auprès des SDF. Pour celà il me fallait obtenir l'accord de la Directrice et de la responsable des bénévoles. Je n'ai pas su le faire. Dommage, peut être...
Le SDF Jean Michel est mort en avril 2006; il a été enterré dignement par sa famille.
J'ai passé beaucoup de temps à choisir les mots qui qualifient le titre SDF. Ils se sont imposés au fur et à mesure des rencontres et de la découverte de la misère, de la peur et de la souffrance physique très intenses qui accompagnent les SDF au quotidien.
Juste une dernière remarque avec une touche d'humour. Quand vous passez sur un trottoir, devant un SDF, dites vous bien que vous passez dans sa salle à manger, sa cuisine, son salon et/ou sa salle de bain tout à la fois. Alors pensez à faire ce que vous faites quand vous entrez chez quelqu'un: dites "bonjour".
Voici ma réponse à l'analyse de Michèle PARET:
Tout d'abord merci Mme PARET d'avoir fait l'analyse de ce montage, exercice qui ne doit pas être facile. Je vais répondre point par point à vos remarques.
- Emouvoir était ma priorité, tellement ce monde des SDF m'a remuée quand j'ai décidé, un jour, de faire l'immense pas d'aller parler à un SDF; celà a été très difficile au début car je n'arrivais pas à en parler autour de moi, à évacuer cette misère. Puis, les petites scènes de la vie quotidienne avec eux m'ont fait oublier petit à petit leur différence et j'ai rejoint en celà , temporairement, les nombreuses personnes qui gravitent autour des SDF pour leur venir en aide.
J'ai préféré choisir les photos les plus émouvantes plutôt que la quantité; il est difficile de capter des expressions de visage qui reflètent des émotions, il faut énormément de patience et de réactivité sur le terrain. Celà m'a pris un an et demi. Il y a des photos qui sont "volées", j'ai pris quelques risques, j'ai eu peur quelquefois cependant celà satisfaisait ma nature aventureuse.
Les causes de l'exclusion sont évoquées brièvement au début par chaque SDF.
Pour Jean-Michel, la première personne qui parle, c'est l'immaturité.
Pour Tiny, c'est la mésentente entre ses parents et surtout son père qui ne s'est pas occupée d'elle.
Pour Bernard, c'est une famille beaucoup trop nombreuse, dans laquelle on n'a pas le temps de faire attention aux plus fragiles.
Bien évidemment, celà n'explique pas tout, puisque bien des personnes avec des handicaps beaucoup plus graves ne deviennent pas SDF.
J'ai préféré parler de leur quotidien parce que c'est ce qui m'a le plus bouleversée.
D'autre part, il est difficile sur un montage de quelques minutes d'inclure beaucoup de paroles. Un film l'aurait permis mais ce n'est pas mon outil de travail, pour l'instant.
J'ai essayé d'élargir le sujet, en allant interviewer des personnes qui donnaient de l'argent aux SDF. Il aurait certainement été intéressant de les faire se répondre. J'ai préféré me concentrer sur la parole des SDF pour ne pas la diluer.
J'ai aussi essayé d'interviewer des bénévoles d'une association très connue et efficace auprès des SDF. Pour celà il me fallait obtenir l'accord de la Directrice et de la responsable des bénévoles. Je n'ai pas su le faire. Dommage, peut être...
Le SDF Jean Michel est mort en avril 2006; il a été enterré dignement par sa famille.
J'ai passé beaucoup de temps à choisir les mots qui qualifient le titre SDF. Ils se sont imposés au fur et à mesure des rencontres et de la découverte de la misère, de la peur et de la souffrance physique très intenses qui accompagnent les SDF au quotidien.
Juste une dernière remarque avec une touche d'humour. Quand vous passez sur un trottoir, devant un SDF, dites vous bien que vous passez dans sa salle à manger, sa cuisine, son salon et/ou sa salle de bain tout à la fois. Alors pensez à faire ce que vous faites quand vous entrez chez quelqu'un: dites "bonjour".